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Café Littéraire. Espace ou naissent et se croisent toutes formes d'écrits: slams/poésie/contes/nouvelles/romans/théâtre. Tous les jeudis de 18h à 20h au CEBULAC (Burundi Palace, 1er étage), en plein centre de Bujumbura. Entrée libre et gratuite.

mardi 10 avril 2012

"Un homme s’est pendu qui fuyait le souvenir de minuit "

Un homme s’est pendu qui fuyait le souvenir de minuit
Le matin, le village a vu son corps, en balançoire,
Décrire des cercles fermés sur une histoire close
De sa femme déshonorée, et de sa fille salie
La nature souillée ainsi que les fleurs et les roses
La nuit, mi-mort, mi-vivant, il regardait se passer l’horreur
Et le matin décida-t-t-il d’interrompre son printemps

Femme printemps, femme vent, femme diamant
Femme des champs, légère, tu t’envoles
Tu t’en vas en éventail, tu fuis l’histoire
Seul, pour pleurer son chagrin
Ton homme se laisse mourir, jeune, vieux
Il laisse mourir son bonheur en embruns sur rocher
Bonheur cristallins brisés en mille morceaux

Cet homme, dans sa douleur, en testament, il a pleuré
Sa foi blessée, ses amours bousculées, meurtries
Et d’un geste libérateur, il a éteint le temps et le vent
Histoire de ne pas laisser la justice bâcler son cas
Et le ciel, jamais, de cette horreur, ne se remettra
Ni le jasmin au mois de mai, ne fleurira
Les deux femmes sont parties innocentes

Femme printemps, femme vent, femme diamant
Femme des champs, légère, tu t’envoles
Tu t’en vas en éventail, tu fuis l’histoire
Seul, pour pleurer son chagrin
Ton homme se laisse mourir, jeune, vieux
Il laisse mourir son bonheur en embruns sur rocher
Bonheur cristallins brisés en mille morceaux

Un homme, sur un arbre, a laissé s’envoler l’espoir
Et une histoire de quarante ans de labeur et de vie honnête
Un homme s’est donné la mort pour éviter de mourir
Deux, trois, cent fois et d’autres morts dégradantes
Et seul le ciel lui a ouvert les bras, sans hésiter
Sur un lit de plumes, son corps, léger, se repose
Auprès de sa femme et ses filles, dorénavant immortelles

Femme printemps, femme vent, femme diamant
Femme des champs, légère, tu t’envoles
Tu t’en vas en éventail, tu fuis l’histoire
Seul, pour pleurer son chagrin
Ton homme se laisse mourir, jeune, vieux
Il laisse mourir son bonheur en embruns sur rocher
Bonheur cristallins brisés en mille morceaux

Un homme, mon voisin, un matin, s’est tu
Pour laisser entendre la voix de l’agonie
Furtif, son bonheur, s’est évanoui en éclair
Des collines, d’échos en échos, en ré mineur
Le chant de deuil s’entonne hésitant
Pour laisser le violeur mourir dans l’effroi
Quand les âmes des absents reposent en paix.

Par Thierry Manirambona
[Ce poème a été publié sous le titre original de "Furtif"]