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mardi 17 juillet 2012

Philosophie de l’Ubuntu vs néolibéralisme, par Guibert Mbonimpa


L’idéologie néolibérale, qui sous-tend la mondialisation, est antinomique avec la philosophie de l’Ubuntu. En effet, la matrice du néolibéralisme consiste à affirmer que l’individu se suffit à lui-même. Quant à la philosophie de l’Ubuntu ou - pour être plus précis - la weltanschauung (vision du monde) des peuples bantous -, elle fait prévaloir l’empathie sur l’égoïsme dans les relations humaines. Cette philosophie de l’interdépendance humaine peut se résumer ainsi : « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes. »

Le philosophe français Danny Robert Dufour assure que le « divin marché », en d’autres termes l’ultralibéralisme, exalte le fonctionnement pulsionnel dans les sociétés occidentales. Le fonctionnement pulsionnel, qui ipso facto instaure la dictature de l’instant, peut se ramener sous la forme du « je veux, je prends ; j’ai envie, je consomme » tandis que le lien se construit dans la durée. Ainsi dans un monde où les êtres humains sont incités au fonctionnement pulsionnel, le lien qu’ils tissent avec leurs semblables est relégué au second plan.

Or, trouver un frère et partager est un besoin fondamental de l’homme. Ce partage se traduit aussi bien dans l’expérience du banal que du spirituel. Il faut cultiver l’empathie pour maintenir voire enrichir le lien que nous tissons avec les autres. En effet, la qualité d’une relation dépend de notre capacité à considérer autrui comme un alter ego avec lequel nous partageons, les émotions, les besoins et les aspirations.
Dans un tel contexte marqué par l’esprit de consumérisme, que devons-nous faire pour préserver notre âme dans la mondialisation ? Autrement dit, que faire pour que nous continuions à répondre que c’est le « et » qui est le plus important entre toi et moi, du moment que c’est cette conjonction de coordination symbolise le lien ?

Tendant à remplacer les espaces de dialogue traditionnels, les progrès technologiques permettent au besoin de communication, qui est inhérent à la nature humaine, de se déployer à une échelle planétaire. Cependant, sur les réseaux sociaux les plus prisés (Facebook et Tweeter), l’échange n’y est pas la pointe éthique. En effet, l’échange implique la proximité physique, ce qui facilite l’interaction avec autrui, notamment par la vue, l’ouïe et le toucher, le cas échéant. On n’y pratique pas le dialogue au sens senghorien, c’est-à-dire « le rendez-vous du donner et du recevoir. »

Comme remède à cet état de chose, il est plus qu’urgent d inculquer cette weltanschauung à la jeunesse, puisque « l’enfant est le père de l’homme », dixit Nietzche. La création de clubs de dialogue dans les collèges et lycées permettrait, entre autres, la pérennisation de cette vision du monde. Les élèves seraient encouragés à chercher les sujets de dialogue sur tous les supports (télévision, radio, internet, DVD, journaux, magazines, livres, cinéma). Sans oublier de puiser dans l’expérience personnelle. Pas de sujet tabou. Car, la devise y serait les vers de Térence, poète comique latin, dans Le Bourreau de soi-même : « Je suis homme : rien de ce qui est humain ne m’est étranger. » Ainsi, l’école constituerait une valeur ajoutée par rapport aux parents - ou pallierait leur lacune - dans la transmission des valeurs de partage et partant de solidarité.

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