Photo de groupe des participants à la Conférence avec le Gouverneur de la province de Katanga |
Par le Pr. Juvénal Ngorwanubusa
Cet événement avait regroupé
divers acteurs de l’espace francophone comme les écrivains,
penseurs et critiques sur le thème « Littérature, sociétés
et renouvellement des imaginaires », avec une place
particulière accordée aux Associations d’écrivains comme
l’Association des écrivains du Fleuve Congo (AEFC) et la
Plateforme des Ecrivains des Grands Lacs Africains Sembura,
cette dernière ayant été représentée par sa coordinatrice Ana
Tognola et le Professeur Juvénal Ngorwanubusa en provenance du
Burundi, et rejoints à Lubumbashi par leurs collègues de Bukavu.
Le Congrès avait tenu à associer
à ses travaux l’ONG belge Coopération pour l’Education et la
Culture (CEC) qui, à Bruxelles s’attache à faire connaître
et à diffuser la production littéraire africaine, ainsi que de
jeunes créateurs en herbe comme ceux de l’Association
Libr’-Ecrire, qui n’est pas sans quelque ressemblance avec
le Café-Samandari de Bujumbura.
Dès les cérémonies d’ouverture,
le Recteur de l’Université de Lubumbashi, qui a, à juste titre,
vanté l’apport de son Institution comme le creuset du savoir et de
la culture, ayant produit toute une génération d’écrivains comme
Mudimbe, Ngal, Ngandu Nkashama, Clémentine Nzuji etc., a exhorté
ceux qu’il nomme les « favoris des Muses » ou les
« chevaliers de la plume » à être la conscience du
monde et à défendre en français l’humanisme et toutes les
valeurs partagées par l’humanité tout entière à l’instar de
Rousseau, Voltaire et toute la galaxie de penseurs des Lumières.
Quelle littérature pour quelle
société
Le Professeur Yoka Lye est revenu
sur l’utopie positive que véhiculent les hommes de rêve, tout en
posant ouvertement la question de savoir quelle littérature pour
quelle société, avant d’affirmer, à la suite de Dostoievski que
« la beauté transfigurera le monde ».
Après avoir remercié tous les
amis et complices de l’Organisation Internationale de la
Francophonie qui ont permis la tenue de ces assises, Madame la
Déléguée de Wallonie-Bruxelles n’a pas hésité à qualifier les
écrivains de « lobby politique », dans le sens noble du
terme avant de plaider en faveur de l’exemption fiscale du livre,
tant il représente un marché avec un nombre considérable
d’acheteurs potentiels en Francophonie. Enfin, le Directeur de
Cabinet du Gouverneur de la Province du Katanga, parlant en lieu et
place du chef de l’exécutif provincial empêché, a solennellement
ouvert le Congrès, en insistant à son tour sur le rôle des femmes
et des hommes de Lettres dans le développement des Nations.
Le Pr. Juvénal Ngorwanubusa donne cours à l'Université du Burundi, dans la Faculté des Langues et Littérature africaines |
Amener le lecteur à se penser
et penser le monde autrement
Le Professeur Mukala Kadima Nzuji,
auquel avait été confié le rôle de prononcer la conférence
inaugurale à tenu à rappeler les congrès de même objet qui, tant
à la Sorbonne en 1956 qu’à Rome en 1959, avaient le même
leitmotiv, toujours d’actualité, de mettre l’écrivain devant
ses responsabilités envers les peuples du monde noir et en
particulier dans les sociétés en crise, car, ajoute-t-il, « la
littérature a vocation et mission d’amener le lecteur à se penser
et penser le monde autrement ». Il n’a pas manqué de
suggérer de mettre la littérature au diapason de tout un chacun, du
professeur de l’Université à l‘éboueur, en mettant l’accent
sur la littérature de la chanson (Mory Kanté, Youssou N’dour),
qui invente sa langue à l’intérieur et à travers laquelle le
peuple se reconnaît et s’assume. L’affirmation, délibérément
provocatrice qu’il a lancée, se faisant l’écho de Jacques
Rabemananjara, selon laquelle ce congrès était le « congrès
des voleurs de langue », a suscité par la suite des débats
nourris avec des participants qui lui préféraient la notion d’
« emprunteurs de langue » ou même qui revendiquaient le
droit de se l’approprier comme un patrimoine commun à toute la
famille francophone, certains autres assumant avec plaisir le statut
de « voleur » (voire de « violeur ») de
langue dans le but de restituer.
Ecrivez notre histoire de la region sans favoritisme!!!
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