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mardi 15 février 2011

Le chomeur

Par Daniel Kabuto, février 2011
Des rêves comme d’autres encaissent les félicitations,
Des journées qui passent avec leur lot de désillusions!
Car dans le spleen, l’on mesure le poids d’un dicton:
L’oisiveté est une mère qui ne mérite aucune fleur,
Car ce sinistre repos n’est propice qu’au malheur!

Drôle de système qui, sur un banc de touche laisse,
Les meilleurs éléments ! S’exclamait un analyste.
Et d’alerter sur ces choix dangereux pour le moral,
Pour l’engagement des troupes voire l’avenir du sérail.

Elle est bien là l’ère de l’ouragan domino du jasmin !
Bonjour les bouleversements, bonjour la révolution !
C’est la liesse à Carthage et au Caire, et vous autres ?
Réclamez le triomphe des concours et de l’érudition,
Pour bannir pot-de-vin, népotisme et clientélisme:
Chômeurs, sortez de l’ombre et luttez avec flegme !

A la sortie de l’université, le monde tendait la main,
La famille aux anges, s’était montrée magnanime,
Au grand lauréat, il était organisé un casse-croûte
Où cependant les attentes s’activaient au lendemain,
Dans l’espoir que l’enfant se révèle moins prodigue!

Des mois ont passé, que d’heures de labeur tuées !
En quête de travail, il a tellement remué ciel et terre,
Il a postulé à toute offre d’emploi voire de servage,
Il a creusé les méninges dans des lettres bien tournées,
Hélas, le destin au lieu de sourire n’a fait qu’éconduire !

Fuyant un mauvais sort de quelque esprit grincheux,
Il a quitté les pénates vers quelque asile montagneux,
Du haut de cette cime, il a supplié les saints et les anges,
Il a psalmodié, magnifié la Reine du Christ et des Apôtres,
Pour ne récolter hélas, que les gifles d’ineptes phallocrates !

De guerre lasse, il vous est revenu à la case de départ,
La férule maternelle lui servit de précieux rempart :
Comme un handicapé, il reçut tout avec gratitude,
Avec stoïcisme, il se résignait à cette vie de froussard,
Faisant table rase des efforts et des espoirs: une multitude!

Un jour enfin, à ses pleurs et prières réagit la Providence,
Elle lui montre l’image du Christ et son affreux calvaire,
Il lui est reproché d’avoir enterré force occasions et talents ;
Il doit venir à résipiscence et se reconnaît peu persévérant,
Car là où la volonté réside, là se requinque la rage de vaincre.

Fort de cette foi fervente, il se fabrique un bâton de pèlerin,
Dans un bus plein comme un œuf, il s’étonne d’être un nain,
Oui, cette faiblesse d’esprit l’a enfermé dans un minable écrin:
En parasite, il a survécu indignement au dos d’âmes gentilles,
Mais c’est en Résistant qu’il faut passer aux générations futures.

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