Qui sommes-nous ?

Ma photo
Café Littéraire. Espace ou naissent et se croisent toutes formes d'écrits: slams/poésie/contes/nouvelles/romans/théâtre. Tous les jeudis de 18h à 20h au CEBULAC (Burundi Palace, 1er étage), en plein centre de Bujumbura. Entrée libre et gratuite.

lundi 31 janvier 2011

J’ai tenu jusqu’au bout

Célestin Niyonizigiye, poète burundais résidant au Canada

J’avais convié les mélomanes au concert,
Sourds, souffrants, noirs, blancs, fauchés, nantis, commissaires…
Tous étaient captivés par mes belles chansons
Jouées avec ma guitare à six cordes. Ses sons
Vibrant, intriguèrent un intrus jaloux qui
Sauta sur mon instrument angélique et prit
La première corde. Il fallait endurer
Après cet affrontement qui n’a pas duré.

ô ciel ! Serait-ce Monsieur Cuki qui m’en veut?
Me suis-je questionné faisant à Dieu mes voeux.
Surpris, les spectateurs continuaient de me louer
En me voyant jouer les cinq rescapées, enjoué.
Tout à coup ! douuuou !! Du fond de la pièce survint
Une roche qui en brisa deux, versa le vin
De deux importuns qui s’imposaient pour entrer.
Je tins bon ! Repris mon bâtard, bien concentré
Grattai les trois fils d’une adresse jamais vue.
Jusqu’alors mes opposants ne m’avaient pas cru.
Instinctivement je commençai à chanter
Un morceau de bataille, là devant planté
Isolé comme un îlot dans un grand océan
Car mes sages avaient jugé l’abandon séant
L’esprit qui m’avait envahi était toujours
Aux aguets, vexé, tentant de me couper court.
Il soudoya mon ami pour l’assaut final ;
Ce parjure vint à une allure infernale
Sur mon podium. Des trois cordes, il en prit deux
Et sortit en me défiant de ses doigts hideux.
Assouvis, mes rivaux éclatèrent de rire,
Ce qui poussa mes bras en fuite à revenir.
Le choc subi m’avait fortement épuisé
Même si l’on voyait que ma mine luisait.
Le public tout ahuri n’en revenait pas
Que je pusse garder mon sang-froid jusque là.
Le fameux spectacle touchait presque à sa fin,
Je remis mon indonongo dans mes bras fins ;

Le brave résistant mania l’unique corde
A perfection. Cette fois tout était en ordre
Partout dans le théâtre c’était l’effervescence
Au zénith, partout l’odeur de la joie intense,
Partout l’on s’étonnait de ce musicien
Que d’aucuns prenaient à tort pour un magicien
Ceux-ci ignoraient la source de ma puissance :
La prière motrice de ma persévérance.
Moi seul n’en pouvais rien sans cet ange de Dieu
Qui m’épaulait de ses mots doux et mélodieux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire