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Café Littéraire. Espace ou naissent et se croisent toutes formes d'écrits: slams/poésie/contes/nouvelles/romans/théâtre. Tous les jeudis de 18h à 20h au CEBULAC (Burundi Palace, 1er étage), en plein centre de Bujumbura. Entrée libre et gratuite.

dimanche 13 mars 2011

Un élitiste désillusionné

Dans l’univers tout obéit, nous dit Albert Jacquard dans son introduction de L’homme et ses 'droits’. Les forces à l’œuvre contraignent chaque objet à parcourir une certaine trajectoire et subir les transformations nécessaire : Un verre est lâché, il tombe et se brise; un animal ne trouve pas de nourriture, il se couche et meurt. C’est la loi.

Mais loin d’être fataliste, cet humaniste nous explique qu’étrangement un objet, l’homme, a imaginé de ne pas accepter passivement cette loi. Devant un enfant qui meurt, il ne se contente pas d’être triste, il s’efforce de modifier le cours des choses, d’écarter la mort.

"Le propre de l’homme et sa grandeur serait donc dans sa capacité, voir dans sa décision de ce fait, d’être plus fort que sa condition."

Pourtant quand je regarde tout autour de moi dans ce beau pays –comme le chante si bien le talentueux Sogo, rien n’est moins sûr. De l’humble planteur de banane au fonctionnaire qui tout les mois de chaque année s’en va toucher sa misère, les choses semble suivre leur course aussi dérisoire soi celle-ci. Depuis des années une même chanson semble tourner, piéger dans une vie cyclique on tourne sans jamais évoluer. Et quand ce sentiment d’échec nous prend, quand l’on se rend compte que notre avancer serait illusoire on s’en remet à la providence, les lendemains seront meilleurs se dit-on, Imana iratubona ; et d’une décharge généralisée, on place nos espérances dans le futur et dans la jeunesse qui devra le faire : Uburundi bw’ejo.

C’est du sentiment que m’inspire cette jeunesse et de ce futur dont je voudrais parler ici, et pour ce je ne parlerai pas de n’importe quelle jeunesse. Je pense aux pseudos jeunes élites ou devrais je dire l’élite jeune de ce petit pays ; et de cette illusion de progrès qu’elle est censé engendrer.
L’élite jeune dont je parle est moins un groupe-de ce fait jeune, détenteur d’un pouvoir mais plus d’un groupe détenteur de savoirs. Ce sont nos jeunes qui nous rentrent parfois sorti de grandes écoles i Buraya ou ailleurs dans le monde après avoir été kurahura ubwenge. Bien souvent héritier eux-mêmes d’une classe dirigeante, la logique voudrait que l’on place nos jeunes hommes et femmes sur un nouveau terreau intellectuel sur lequel notre société sera repensé. Mais les illusions sont vite perdues.

En effet cette pseudo élite jeune me fait penser à cette dame de Bargeton de Lord R’Hoone dit Balzac, celle qui après avoir reconnu que la vie de Paris, à laquelle elle aspirait, lui était interdite par la médiocrité de sa fortune, se prit a examiner les personnes qui l’entouraient, et frémit de sa solitude. Le désespoir la prit quand elle ne trouva autour d’elle aucun homme qui put l’inspirer, un désespoir que cause une vie sans issue, sans évènements, sans intérêt. Elle ne pouvait compter sur rien, pas même sur le hasard, car il y a des vies sans hasards, nous dit-on.

Tel est le sentiment que m’inspirent ces jeunes esprits qui nous rentrent de hanze. Du haut de leurs diplômes et plein d’ambitions, ils rencontrent une société sceptique pour qui 'oser penser' est à la limite grotesque, voir insultant, me disait un de nos jeunes intellectuel. Ne parlons pas d’oser rêver ! Ces jeunes et brillants esprits qui rêvaient reformes, monter l’entreprise révolutionnaire, ... auront sous-estimé le système, la norme sociale du 'bien penser' et surtout du 'bien paraître'. Leur raison social prenant le poids sur leur raison de vie, les ambitieux discours de créer finissent par faire place à la peur du lendemain, et voici notre jeune homme ou jeune femme qui fini dans les colonnes du Renouveau cherchant un emploi!

Et tel est le tragique sort bien nombreux de nos pseudos élites jeunes.
Mais attention, dans cet univers bien obéissant, forcement ceci a une conséquence, mais laquelle ?
L’étude de l’histoire de Toynbee semble nous répondre : celui-ci nous explique que l’élément moteur de toute civilisation est le défi, qui incitera une communauté humaine à sortir de l’ornière de ses habitudes pour s’élever à un niveau supérieur, aller vers l'indépendance et s'affirmer. Et ici les élites jouent un rôle fondamental dans ce processus ainsi que dans son déclin, qui survient notamment lorsque ces élites, tel nos fameux jeunes Uburundi bw’ejo sont incapables de répondre aux nouveaux défis et de ce fait deviennent une simple minorité, une minorité certes éduquée mais résignée.

1 commentaire:

  1. Une dure réalité qui désole notre pays à voir aussi la majorité des pays africains..

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