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Café Littéraire. Espace ou naissent et se croisent toutes formes d'écrits: slams/poésie/contes/nouvelles/romans/théâtre. Tous les jeudis de 18h à 20h au CEBULAC (Burundi Palace, 1er étage), en plein centre de Bujumbura. Entrée libre et gratuite.

mercredi 25 janvier 2012

C’était comme ça

de Niyonizigiye Célestin

Chez lui tout semblait s’arrêter spontanément ;
Chez lui tout s’endommageait instantanément ;
Chez lui tout se réparait simultanément ;
Bref, chez lui tout se passait fabuleusement.

Quand il n’avait pas encore posé son pied
Sur la terre, Nice pressait sa mère, il criait,
Il boudait et trépignait avec insistance
Pour naître car il brûlait toujours d’impatience.

A sa naissance, sans saluer son entourage,
Nice courut à la maison plein de courage
Car il avait envie de voir ses petits frères.
Il les vit et demanda s’ils savaient son père.

Zélé qu’il était, Nice a sauté son enfance,
Abrégea la puberté et l’adolescence
Pour atteindre l’âge adulte, si l’on en croit !
On avait rien à reprocher; c’était son droit !

Singulier qu’il était, il croûtait* tout cru,
Pas de temps de cuisson, moi même j’ai pas cru
Comment ce Nice oubliait souvent de digérer
Après avoir mangé. Chose dure à gérer !

Ce n’était pas pour cet être phénoménal
Gauche de sortir avant d’entrer dans la salle
D’examen où il lui arrivait de conclure
Ses dissertations avant de les introduire.

Hélas, notre curieux gamin a renoncé
Au sport la veille du jour où il fut rossé
Pour avoir troué la balle au coup des intestins,
Il s’enfoutait car ce n’était pas son destin.

A la place, il préféra faire la musique
Où il avait un don spécial de jouer l’unique
Instrument : le sifflet. On lui en avait fait
Cent dix neuf en eau, il en était satisfait.

Aussitôt au soir de sa vie, il se souvint
De tout ce qu’il estimait auparavant vain;
Il s’acheta un biberon à la boutique
Car il n’avait pas tété. Drôle de critique !
Il se fit la barbe, décor qu’il ignorait,
Il aima, devoir qu’il n’avait pas honoré.

Petit à petit son énergie s’épuisait ;
Mais l’envie infernale de viande croissait
Au point qu’il a broyé et avalé sa langue ;
Dès lors, car pénible, la vie paraissait longue ;

A sa mort, voyant que ceux qui l’accompagnaient
A la tombe négligeaient son temps à gagner,
Il prit sa croix, creusa si vite et s’enterra
Aux vivants, il écrivit : « Hier, on se verra. »

2 commentaires:

  1. Ce poème est très original,à l'image du poète. Il nous intrigue dès les premiers vers et on dévore le texte magique,intrigués et l'on n'est pas déçu par la chute basée sur un schéma oxymorique !

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  2. j'apprecie le ton et la mesure de cette poesie. Merci pour la genie de l'auteur, Merci pour Samandari.

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