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lundi 3 décembre 2012

À Lubumbashi : mettre l’écrivain devant ses responsabilités

Photo de groupe des participants à la Conférence avec le Gouverneur de
la province de Katanga
En prélude au XIVème Sommet de la Francophonie qui eut lieu à Kinshasa (RDC) du 12 au 14 octobre 2012, s’est tenu à l’Université de Lubumbashi (Chef-lieu de la Province du Katanga), sous la présidence du Professeur Yoka Lye assisté de M. Boniface Sprimont, délégué de Wallonie-Bruxelles International, un Congrès International des Écrivains Francophones du 24 au 26 septembre 2012. 

Par le Pr. Juvénal Ngorwanubusa

Cet événement avait regroupé divers acteurs de l’espace francophone comme les écrivains, penseurs et critiques sur le thème « Littérature, sociétés et renouvellement des imaginaires », avec une place particulière accordée aux Associations d’écrivains comme l’Association des écrivains du Fleuve Congo (AEFC) et la Plateforme des Ecrivains des Grands Lacs Africains Sembura, cette dernière ayant été représentée par sa coordinatrice Ana Tognola et le Professeur Juvénal Ngorwanubusa en provenance du Burundi, et rejoints à Lubumbashi par leurs collègues de Bukavu.
Le Congrès avait tenu à associer à ses travaux l’ONG belge Coopération pour l’Education et la Culture (CEC) qui, à Bruxelles s’attache à faire connaître et à diffuser la production littéraire africaine, ainsi que de jeunes créateurs en herbe comme ceux de l’Association Libr’-Ecrire, qui n’est pas sans quelque ressemblance avec le Café-Samandari de Bujumbura.
Dès les cérémonies d’ouverture, le Recteur de l’Université de Lubumbashi, qui a, à juste titre, vanté l’apport de son Institution comme le creuset du savoir et de la culture, ayant produit toute une génération d’écrivains comme Mudimbe, Ngal, Ngandu Nkashama, Clémentine Nzuji etc., a exhorté ceux qu’il nomme les « favoris des Muses » ou les « chevaliers de la plume » à être la conscience du monde et à défendre en français l’humanisme et toutes les valeurs partagées par l’humanité tout entière à l’instar de Rousseau, Voltaire et toute la galaxie de penseurs des Lumières.
Quelle littérature pour quelle société
Le Professeur Yoka Lye est revenu sur l’utopie positive que véhiculent les hommes de rêve, tout en posant ouvertement la question de savoir quelle littérature pour quelle société, avant d’affirmer, à la suite de Dostoievski que « la beauté transfigurera le monde ».
Après avoir remercié tous les amis et complices de l’Organisation Internationale de la Francophonie qui ont permis la tenue de ces assises, Madame la Déléguée de Wallonie-Bruxelles n’a pas hésité à qualifier les écrivains de « lobby politique », dans le sens noble du terme avant de plaider en faveur de l’exemption fiscale du livre, tant il représente un marché avec un nombre considérable d’acheteurs potentiels en Francophonie. Enfin, le Directeur de Cabinet du Gouverneur de la Province du Katanga, parlant en lieu et place du chef de l’exécutif provincial empêché, a solennellement ouvert le Congrès, en insistant à son tour sur le rôle des femmes et des hommes de Lettres dans le développement des Nations.

Le Pr. Juvénal Ngorwanubusa donne
cours à l'Université du Burundi,
dans la Faculté des Langues et
Littérature africaines
Amener le lecteur à se penser et penser le monde autrement
Le Professeur Mukala Kadima Nzuji, auquel avait été confié le rôle de prononcer la conférence inaugurale à tenu à rappeler les congrès de même objet qui, tant à la Sorbonne en 1956 qu’à Rome en 1959, avaient le même leitmotiv, toujours d’actualité, de mettre l’écrivain devant ses responsabilités envers les peuples du monde noir et en particulier dans les sociétés en crise, car, ajoute-t-il, « la littérature a vocation et mission d’amener le lecteur à se penser et penser le monde autrement ». Il n’a pas manqué de suggérer de mettre la littérature au diapason de tout un chacun, du professeur de l’Université à l‘éboueur, en mettant l’accent sur la littérature de la chanson (Mory Kanté, Youssou N’dour), qui invente sa langue à l’intérieur et à travers laquelle le peuple se reconnaît et s’assume. L’affirmation, délibérément provocatrice qu’il a lancée, se faisant l’écho de Jacques Rabemananjara, selon laquelle ce congrès était le « congrès des voleurs de langue », a suscité par la suite des débats nourris avec des participants qui lui préféraient la notion d’ « emprunteurs de langue » ou même qui revendiquaient le droit de se l’approprier comme un patrimoine commun à toute la famille francophone, certains autres assumant avec plaisir le statut de « voleur » (voire de « violeur ») de langue dans le but de restituer.

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