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Café Littéraire. Espace ou naissent et se croisent toutes formes d'écrits: slams/poésie/contes/nouvelles/romans/théâtre. Tous les jeudis de 18h à 20h au CEBULAC (Burundi Palace, 1er étage), en plein centre de Bujumbura. Entrée libre et gratuite.

samedi 6 novembre 2010

Au commencement était le verbe


un slam de Tanguy Bitariho
Au commencement était le verbe.
Le verbe s’étendit au vers, le vers devint phrase.
La phrase donna jour au texte et le texte enflamma, de ce fait, le cœur du poète.
Depuis ce jour, à travers sa verve, le poète copule avec le texte redonnant ainsi naissance au verbe.
Et de cette union naquit la magie des mots, la frénésie de l’écrit, la sensation d’être pris d’un prurit d’expression.
N’est-ce pas étrange d’être pris dans cette frénésie de l’écrit, retranché dans les tranchés de la locution, réinventant ainsi la locomotion à travers les mots ?
Prisonnier volontaire de cette envie de gratter le papier ;
Egratigné par la vie, refusant de se taire ;
Pansant nos plaies à l’encre de nos plumes ;
Parce que pensant ainsi guérir cette infortune.
Il n’est en rien question de quérir de la thune ;
Mais plutôt d’occire cette triste amertume.
Alors on cherche, on crée, on se récrée à l’écrit.
On se récrie, on écrit, on s’écrit, on décrit ;
Et pour cela on crie et on recrée, sur papier, ce qu’on avait, bon gré mal gré, refoulé, dans nos esprits.
On a supporté tout ça sans broncher, on l’a ressassé sans cesse dans nos pensées, recensé mille fois nos regrets ;
Mais maintenant s’en est assez !
Marre de tasser tout ça dans le passé ;
Comme si cela n’aurait jamais existé.
On en a pourtant tant bavé, on a aimé, pleuré, ri, haï ;
Et tout ce qu’on a décrit, maintenant, on l’écrit.
Alors on n’a peut-être pas tout vécu.
Nos écrits ne sont pas forcément tous du vécu.
On n’a certes pas tout vu, ni entendu ;
Mais tout ce que l’on dit en est il forcément faux ?
Force est de constater que non ;
Car lorsque l’expérience fait défaut, l’imagination n’a-t-elle pas ce qu’il faut ?
Mais peut-être exagère-je ? Peut-être ne sommes-nous pas tant à plaindre ?
Certes on gamberge, mais même si notre peine est loin d’être feinte ;
On aime cette vie, car elle est pleine de moments comme celui-ci ;
Où l’on partage ces émotions, nous rassurants qu’en fait, nous existons.
Car c’est grâce à vous qu’on existe ;
C’est grâce au public, que vie l’artiste.
Pour lui, on réfléchit, on gratte sans cesse, aggravant ainsi notre addiction.
Devenue maintenant tradition, même face au sommeil, on ne courbe pas l’échine, on reste en éveil, s’évertuant à graver, à l’encre de Chine, à la machine ou au phone-tel, nos rêves et aspirations.
Et c’est une fois pris par l’inspiration, que l’on découvre cette effervescente émulation, proche de l’explosion, ou le sang entrant en ébullition, nous fait perdre la raison, confondant ainsi réalité et fiction.
C’est durant l’un de ces moments, d’illusions verbales, où l’oral devient visuel, que les lettres me devinrent réelles.
Elles m’apparurent si belles, dorées tel le miel, irréelle parure d’or.
Sur mon corps, elles se couchèrent ;
Et là, drapé de cette belle fourrure littéraire ;
Les lettres me prièrent d’écouter et de me taire, puis me jurèrent que leur histoire allait me plaire.
Alors lentement elles me susurrèrent :
« Au commencement était le verbe.
Le verbe s’étendit au vers, le vers devint phrase.
La phrase donna jour au texte et le texte enflamma, de ce fait, le cœur du poète.
Depuis ce jour, à travers sa verve, le poète copule avec le texte redonnant ainsi naissance au verbe.
Et de cette union naquit la magie des mots, la frénésie de l’écrit, la sensation d’être pris d’un prurit d’expression.
Maintenant que tu as compris le concept de cette notion, va garçon ;
Va vers tes congénères, va voir tes sœurs et frères.
Partage leur ce que tu as sur le cœur et découvre ainsi le bonheur ».
Merci.

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