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Café Littéraire. Espace ou naissent et se croisent toutes formes d'écrits: slams/poésie/contes/nouvelles/romans/théâtre. Tous les jeudis de 18h à 20h au CEBULAC (Burundi Palace, 1er étage), en plein centre de Bujumbura. Entrée libre et gratuite.

samedi 11 décembre 2010

Cette graine

par Roland Rugero

Il est de ces hommes tout à la fois appréciés et décriés, honnis parfois. Il a le verbe facile, sait admirablement puiser dans les classiques de la littérature françcaise et s'en sert pour enflamer la blogosphère burundaise. Ce soir là, le Samandari lui a prête l'oreille, nous parlant de son deuxième roman L'autre face du clandestin. C'est un récit picaresque d'un jeune burundais qui a fui les massacres de l'université burundaise au plus fort de la crise de 1995- institution dans laquelle il mène des études littéraires, « le droit [qu'il voulait faire auparavant] étant réservé aux Tutsi » ; l'a-t-on averti.... Il part pour une vie estudiantine au Cameroun puis tente l'Europe, pour se fixer aux Pays-Bas.

Un récit qui ressemble étrangement à la vie de son auteur. Dans L'autre face du clandestin, « je m'interroge sur le regard de celui qui fixe un étranger» explique-t-il calmement. Et l'écrivain l'a vécu, ce regard, quand il rentre du Rwanda juste avant 1993. Parce qu'il ne parlait pas kirundi, il est conduit devant les tribunaux populaires de cette Kamenge rebelle du début de la Crise, « au quartier Gikizi où j'ai creusé ma propore tombe! » Quelques minutes avant que ses bourreaux ne l'y jettent, un chef le gracie, préférant donner à ce clandestin ancien séminariste la chance d'apprendre la langue nationale. Moment qui le marquera à jamais, comme la perte de sa mère, à laquelle elle dédie d'ailleurs son oeuvre.

Et c'est aussi un événement qui nourira le questionnement identitaire de cet auteur qui a préféré adopter « l'indentité humaine », comme L'Albinos (son quatrième roman). Car, entre la culture burundaise pronant l'intériorisation et celle du Cameroun où l'on se ne gêne pas pour étaler ses états d'âme, il a fallu choisir. Le choix fut aussi politique, que certains ne lui pardonnent pas. Le Cndd-Fdd : comment allier la liberté d'un artiste et les devoirs d'un militant? Notre homme parle de foi dans des principes, souligne aussi sa lucidité : «Pour un régime issu du maquis, on peut facilement faire peu de cas d'une vie humaine!» Etonnant, non, ce Daniel Kabuto (le petit grain, en kirundi) ?

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