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Café Littéraire. Espace ou naissent et se croisent toutes formes d'écrits: slams/poésie/contes/nouvelles/romans/théâtre. Tous les jeudis de 18h à 20h au CEBULAC (Burundi Palace, 1er étage), en plein centre de Bujumbura. Entrée libre et gratuite.

lundi 13 juin 2011

Autour des mots : quand le Samandari rencontrait Ishyo Arts Centrer...

C’était à Kigali. Samedi 29 avril 2011. Il faisait chaud, ce soir-là. Une chaleur née d’une rencontre entre Ishyo Arts Centre, un centre culturel rwandais au cœur de Kigali et le Samandari, un café-littéraire burundais. Une soirée de partage. Par Thierry Manirambona.

La soirée commence par l’ikondera, la corne. Du fond de la salle s'avance une danse. Trois jeunes gens miment la vache. Un pas en avant et puis un autre. Dandinements : le souffle puissant des danseurs traverse les cornes de vache en donnant un son qui embaume l'atmosphère de tons puissants. Une fois sur scène, les danseurs restent comme figés. La danse et la musique se meurent pour laisser une voix féminine, chaude, lire un texte. Il existait un homme du nom de Samandari ...
Ainsi commence la lecture des textes préparés pour la soirée littéraire.

La lecture du premier texte finie, Carole Karemera, à la tête d'Ishyo Arts Center accueille les invités, trois membres de Samandari Ketty Nivyabandi, Roland Rugero et moi-même. Puis le regard se tourne vers la trentaine de personnes présentes : des comédiens d’Ishyo et des habitués du centre avant de laisser Ketty et Roland, initiateurs du Samandari, parler de la naissance et des activités du café littéraire burundais.
Le décor de la scène change. L’ikondera reprend. Certains projecteurs sont éteints sur scène pour ne laisser qu’une faible lueur presque bleue : une ambiance poétique pour passer aux choses sérieuses. C'est le moment d’écouter les textes de la soirée.

Une ambiance de paix

Des hauts des tabourets, Carole et trois comédiens, une jeune fille et deux jeunes garçons, lisent les textes. Le silence est totaItaliquel. On n’entend les mots lus et chantés fendre le silence pour créer une atmosphère de paix, de quiétude. Le sourire et l’enfant de Roland (nouvelle primée d'une médaille de bronze aux VI èmes Jeux de la Francophonie à Beyrouth) , L’albinos de Thierry ( Premier trophée au Prix Michel Kayoya 2010), Trois ethnies et Les petits hommes de Ketty.
Du fond de la salle arrive l’écho des phrases chaque fois qu’un des comédiens sur scène hausse le ton. Dehors, il fait nuit mais on ne veut pas rentrer. Le public veut écouter les mots qui viennent de l’autre côté de la Kanyaru, du royaume de Nyaburunga.

La lecture d’un texte laisse place aux réactions. D’abord timides, les réactions abondent par la suite sous forme de commentaires directs, des questions aux auteurs… et le temps file sans qu’on s’en rendre compte.
La réaction aux lectures par les comédiens se prolonge avec des vers d'un vieux texte qui traînait depuis 6 ans dans les poches d’Hervé, un des comédiens, avant que ne débarquent les Premiers désir de réunion de Carole, un texte touchant que toute maman aimerait écrire à l’enfant qu’elle attend : Si tu viens au monde, je t’inonderai d’amour / Je te bercerai du soleil, de larmes de bonheur… /Tu ne découvriras jamais l’obscurité de la haine, de la solitude de la haine…
Enfin surgit Pays des grands lacs, mon amour, ma douleur, un long texte nostalgique sur le Burundi...

Une histoire partagée

Ce qui frappe le plus après la lecture des différents textes, c’est le fait que la douleur ressort vigoureusement des textes des Burundais et des Rwandais. Vive, lancinante, la souffrance s’exprime dans un poème qui s’adresse au pays natal que l’on a quitté tôt et qu’on aimerait revoir. Elle s’exprime par des mots d’indignation, des souvenirs atroces des guerres et des images que l’on n’oublie jamais.

En même temps, comme le dit bien le poème de Ketty, Trois petites ethnies; en pointant ces trois ethnies, une seule agonie, il y a le rappel que Rwandais et Burundais partageons beaucoup de choses. Que presque tous les textes littéraires présentés ce soir-là aient un ton de chagrin, soient des textes lyriques qui expriment la douleur des deux peuples cela fait comprendre l’histoire presque similaire des deux peuples voisins. Le Rwanda a connu des moments durs dans son histoire, le Burundi a été secoué par des atrocités sans nom.
Toutefois, les écrivains de part et d’autre de la Kanyaru ne parlent pas que de la souffrance. L’espoir, la joie, l’amour sont présents. Et d’ailleurs, notre mission rappelle-t-on dans la salle, c’est de véhiculer l’espoir.

Un forum

Si la littérature a été longtemps un domaine d'initiés, le Samandari et l'Ishyo Arts Centre, par les différentes rencontres qu'ils offrent peuvent prouver que " la littérature fait partie des expressions artistiques possibles et accessibles ", rappelle Roland. Il n’y a plus que des concerts, des expositions d’œuvres d’art plastique, il y a aussi, désormais, la littérature qui attire pas de plus en plus de gens. La preuve : ces soirées du Samandari que l'on décrit à Kigali, où ce petit monde réuni à Ishyo ce soir du 29 avril...
Outre la littérature, les deux espaces sont aussi des forums d’échange. La littérature n’est pas que lyrisme qui parle amour, déception, romance. Elle crée aussi un lieu où l'on parle de société. Lyrique, tout écrivain est un jour engagé, pour une cause ou une autre.

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