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dimanche 24 mars 2013

Quelle est cette Afrique qui vient ?


Pour la clôture de festival Étonnants Voyageurs tenu à Brazaville, Sonia Rolley de la RFI rencontrait l'écrivain franco-congolais Alain Mabanckou, co-initiateur de l'événement ...

L'Afrique qui vient est-elle anglophone ?
Non, elle est aussi lusophone, arabophones. C'est vrai qu'il y a un grand dynamisme du côté de la littérature anglophone avec notamment le Nigéria, pays le plus peuplé d'Afrique avec une longue tradition d'écrivains (Amos Tutuola, Chinua Achebe, Wole Soyinka - prix Nobel de littérature), mais aussi aussi troisième cinéma au monde en termes de titres de fims publiés par an, après Bollywood et Holywood.
Vous qui êtes professeur de littérature francophone, comment justement expliquez-vous que l'on sente une plus grande effervescence chez les artistes anglophones ?
Parce que ces derniers ont déjà géré la question coloniale. Ils se sont libérés de cette manie de toujours expliquer leurs défaillances en invoquant la colonisation. Les anglophones, quand ils écrivent leurs textes, sont reçus de manière normale : il n'y a pas cette distinction que l'on retrouve côté francophone où vous avez des écrivains « franco-français » d'un côté, et les autres, sensés venir des anciennes colonies ou des pays dans lesquels la France a une certaine histoire. Les anglophones ont aussi géré la question de la négritude : ils ne sont pas forcément dans l'exhibition de ce qui pourrait fonder leur civilisation, ils sont dans la description de la réalité. Ce n'est pas une littérature forcément idéologique, c'est une littérature qui épouse les réalités quotidiennes. Nous avons beaucoup de problèmes dans le monde francophone : beaucoup de questions historiques ne sont pas réglées avec la France, il y a la question des étrangers en France au cœur des grandes discussions, le refus parfois de la France de traiter à égalité les écrivains venus d'autres pays francophones, et enfin, une centralisation de la littérature française à Paris, sur les rives de la Seine...
L'anthologie commence par un texte d'un écrivain kenyan, Binyavanga Wainaina, qui décrit dans une nouvelle acerbe « Comment écrire sur l'Afrique », une critique de l'image que l'on colle à l'Afrique : est-ce une manière d’enterrer une certaine idée de l'Afrique ?
C'est une manière sarcastique de faire le bilan des préjugés qui entourent le continent : beaucoup, pour en parler, emploient un vocabulaire formaté. Et ce dernier nous fait du mal, depuis longtemps : misère, souffrance, guerre civile, génocides, etc... il n'y pas que cela en Afrique ! Il faut aussi voir cette soif de la jeunesse africaine pour la culture, etc. Et c'est aussi le sens de ce festival : pour dire que malgré les zones d'ombre que l'on voit sur le continent, il existe de l'espoir, et cet espoir, c'est l'Afrique qui naît, qui vient.
Peut-on dire que ce texte est le symbole d'un vent de révolte qui souffle sur le continent, notamment à travers internet, un ras-le-bol d'une image de l'Afrique imposée aux Africains ?
C'est peut-être aussi un ras-le-bol, mais cela participe toujours de la définition peut-être de la conscience que nous avons : il faut que nous soyons nous-même pour que les autres nous respectent.
Si vous devriez résumer cette "Afrique qui vient" ?
C'est une Afrique qui refuse le fatalisme et une définition imposée de soi par l'Occident. C'est une Afrique dont le bouillonnement culturel est en train de progressivement faire jour.

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