Alors
qu'on s'interroge sur la place de différentes langues au Burundi,
notre confrère Donat Madimba, de la Radio Okapi,
accueillait il y a un mois, Mukash Kalel, secrétaire permanent de
l'Observatoire national des langues congolaises, sur la question des
langues en voie de disparition en RDC.
Quelle est la situation actuelle des langues maternelles ?
La
planète Terre parle 6000 langues selon les estimations des
linguistes. Mais comme certaines d'elles sont en train de mourir, ils
prévoient aussi que d'ici la fin de ce siècle, la moitié aura
disparu.
Pour
quelles raisons ?
Premièrement,
parce que les « grandes » langues comme l'anglais, le
français, l'espagnol s'étendent. Ensuite, les mutations sociales
font que dans tous les pays en développement, les populations
quittent les campagnes pour aller habiter en ville. Or vous savez
qu'en ville domine une seule langue. Si vous prenez Kinshasa par
exemple, c'est le lingala qui s'impose. Lorsque les arrivent en
ville, ils oublient avec le temps les « petites »
langues, qui disparaissent. Il y a aussi le fait qu'il peut y avoir
une catastrophe, une guerre, qui fait que la population parlant une
langue donnée disparaisse.
Pouvons-nous
savoir le nombres de langues maternelles congolaises répertoriées dans les 3.000 parlées à travers le monde ?
Nous
avons à peu près 250 langues, en plus des quatre langues
nationales qui sont le lingala, le kikongo, le tshiluba et le
swahili. Le français est quant à lui la langue officielle.
Vous
évoquez des langues qui meurent : y en a-t-il avec en RDC ?
Oui.
Il y a quelques langues qui sont en danger, parlées par moins de
100.000 personnes. Par exemple, il y a trois langues dans le
Bandundu, dont le ngongo et le nsambane, qui disparaissent. Le nombre
de locuteurs diminue au fur et à mesure que le kikongo s'étend.
Est-ce
que ceux qui parlent ces langues sont conscients qu'elles
disparaissent ?
Non.
Cela se passe dans un processus inconscient, en fait.
Comment
protéger ces langues de la disparition ?
Il
faut les récolter, les mettre par écrit, rédiger leur grammaire,
rapporter les textes oraux, balancer cela sur Internet et créer des
structures de préservation de ces langues, comme des clubs.
Une langue
maternelle ? C'est la langue dans laquelle un enfant apprend à
parler. Elle peut donc être différente de celle de sa mère, et
dépend principalement du milieu dans lequel les parents du
nouveau-né vivent.
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