Dorcy Rugamba, dans Hate Radio, incarne un journaliste extrémiste dans la radio des mille collines qui a joué un terrible rôle dans la préparation du génocide rwandais. Rencontre avec l'acteur.
Hate Radio est une pièce sur la RTLM, une radio extrémiste devenue tristement célèbre durant le génocide au Rwanda. C’est un projet initié par l’Institut International du Meurtre Politique, basé en Allemagne et qui crée des spectacles basés sur la reconstitution d’évènements historiques. Ainsi, dans
la pièce «Hate Radio», le studio de la RTLM a été reconstruit sur scène et le texte de la pièce est tiré des transcriptions des paroles tenues à l’antenne par les journalistes de la RTLM.
Quels sont les principaux acteurs de la pièce? Et vous, vous jouez quel rôle ?
Il y a quatre acteurs pour incarner quatre journalistes de la RTLM. Bien entendu dans la véritable RTLM il y avait plus de journalistes. Pour la pièce, quatre journalistes emblématiques ont été retenus : la journaliste Valérie Bemeriki incarnée par Nancy Nkusi, le journaliste belge Georges Ruggiu, qui est joué par Sébastien Foucault, le dj de la RTLM dont le rôle est confié à Afazali Dewaele, et moi je joue le rôle de l’animateur de la radio Kantano Habimana.
Une pièce a toujours un message à transmettre, quel est le message de « Hate radio» ?
Au fond, quand on écoute le contenu de la RTLM, on comprend l’idéologie sur laquelle s’est faite le génocide et comment fonctionne un discours raciste. En plus de l’information sur le fonctionnement de cette radio de la haine, la pièce montre comment la propagande use de tous les moyens pour diffuser son message : la musique, la comédie, les émissions pour enfants, etc.
Est- ce que ce genre de pièce ne risque pas plutôt de rouvrir les blessures pas tout à fait cicatrisées d’une société rwandaise traumatisée par le génocide ?
C’est une bonne question et nous avons joué au Rwanda en prenant beaucoup de précautions. Nous avons fait trois représentations toujours précédées de débats et de discussions avec les spectateurs. Il faut faire le pari de l’intelligence et espérer qu’un spectacle de ce type puisse nous dégoûter de toute complaisance avec tout discours de haine. Quelle que soit la cible, Tutsi, Twa, Hutu, Etranger, Blanc, Noir, Homosexuel etc. A l’extrême de tout discours stigmatisant, il y a la mort. La parole précède toujours et le crime suit. Et «Hate Radio» est une occasion de montrer comment la parole tue.
Une représentation est possible au Burundi ?
Bien sûr, je pense que ce serait une bonne chose que la pièce soit vue au Burundi. Le Burundi a lui aussi connu une histoire violente avec des médias qui n’ont pas tous évité la dérive extrémiste et la stigmatisation raciale. J’espère qu’une institution culturelle burundaise invitera la pièce un jour pour qu’elle soit présentée au public burundais.
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