Reportage à Gishubi (Gitega) et à Gatara (Kayanza) où, en marge de la présentation de l'anthologie des auteurs des Grands Lacs, il fut question de conte ...
Ils avaient cru que le voyage de ce 3 août ne prendrait que 20 minutes, calés dans ce taxi au dos arrondi, plus fameusement appelé Kagongo, en kirundi. Cela prendra finalement presque le triple du temps, du Centre Culturel Gitega nouvellement ouvert à Gishubi, le second Clac à être visité dans le projet de promotion de l'anthologie Émergences - Renaître ensemble (Sembura, 2011).
Et quand Tanguy Bitariho Roland Rugero arrivent à destination, rejoignant le coordinateur des Clac qui les avait précédés pour préparer la rencontre, le premier élément à les accueillir est l'épaisse poussière des lieux, à travers laquelle des regards curieux les dévisagent. Le temps de transporter les paquets de livrets, livres et autres menus bagages dans la salle des spectacles, et le rendez-vous est lancé. Tanguy enfile le costume de conteur : "C'est l'histoire du père du grand-père du père de mon père ...", commence-t-il sous un silence intrigué.
Ce même silence interrogatif que l'on retrouvera à Gatara, trois jours après, alors que le jeune homme explique que "le travail d'un conteur, c'est d'offrir la vérité et le mensonge à la fois, et faire en sorte que chaque oreille y retrouve son compte."
Ici, à Kayanza, Tanguy était venu avec l'histoire de "son" père qui frappait chaque soir "sa" mère. Plus d'une cinquantaine de personnes, dont des conseillers de l'administrateur de la commune Gatara, le chef de poste de la police et bien sûr les professeurs de français l'écoutaient : "Jusqu'au jour où la femme fut enceinte, et alors, elle dit chaque soir à son mari : Ne me frappe pas, écoute d'abord l'histoire que j'ai à te raconter ! " Et à la fin de son histoire, la question avait fusé, précise : "Dans ce récit, quelle est la part de la réalité dans ta vie, qu'est-ce qui n'est pas vrai ?"
Ici à Kayanza aussi, juste après le conte de Tanguy, l'assistance, surprise par la maîtrise orale de la langue par le conteur, avaient tenu à s'exprimer sur les difficultés d'apprentissage des langues, et principalement le français. Entre l'enseignement magistral, l'approche communautaire, les effectifs de classe qui ont triplé, quadruplé, le manque d'intérêt des jeunes, le débat a failli prendre le dessus sur la présentation de l'anthologie Sembura.
Des jeunes qui, à Gishubi, viennent justement dans le Clac pour autre chose que la lecture : "Ce qui les attire, c'est beaucoup plus les documentaires et les films de fiction que propose le centre, avec la chaîne TV5 notamment ", explique Jean-Claude, licencié en droit à l'université Martin Luther King ... et chômeur.
Jean-Marie, professeur de français, quant à lui, met la popularité des lieux sur le dos des jeux de société, Scrabble, Dame, Ludo. Même si Jean-Claude, du collège communal de Gishubi, admet volontiers venir régulièrement consulter ... le recueil des proverbes.
Tanguy dans le Clac Gishubi ©droits_réservés |
Et quand Tanguy Bitariho Roland Rugero arrivent à destination, rejoignant le coordinateur des Clac qui les avait précédés pour préparer la rencontre, le premier élément à les accueillir est l'épaisse poussière des lieux, à travers laquelle des regards curieux les dévisagent. Le temps de transporter les paquets de livrets, livres et autres menus bagages dans la salle des spectacles, et le rendez-vous est lancé. Tanguy enfile le costume de conteur : "C'est l'histoire du père du grand-père du père de mon père ...", commence-t-il sous un silence intrigué.
Ce même silence interrogatif que l'on retrouvera à Gatara, trois jours après, alors que le jeune homme explique que "le travail d'un conteur, c'est d'offrir la vérité et le mensonge à la fois, et faire en sorte que chaque oreille y retrouve son compte."
Ici, à Kayanza, Tanguy était venu avec l'histoire de "son" père qui frappait chaque soir "sa" mère. Plus d'une cinquantaine de personnes, dont des conseillers de l'administrateur de la commune Gatara, le chef de poste de la police et bien sûr les professeurs de français l'écoutaient : "Jusqu'au jour où la femme fut enceinte, et alors, elle dit chaque soir à son mari : Ne me frappe pas, écoute d'abord l'histoire que j'ai à te raconter ! " Et à la fin de son histoire, la question avait fusé, précise : "Dans ce récit, quelle est la part de la réalité dans ta vie, qu'est-ce qui n'est pas vrai ?"
Ici à Kayanza aussi, juste après le conte de Tanguy, l'assistance, surprise par la maîtrise orale de la langue par le conteur, avaient tenu à s'exprimer sur les difficultés d'apprentissage des langues, et principalement le français. Entre l'enseignement magistral, l'approche communautaire, les effectifs de classe qui ont triplé, quadruplé, le manque d'intérêt des jeunes, le débat a failli prendre le dessus sur la présentation de l'anthologie Sembura.
Des jeunes qui, à Gishubi, viennent justement dans le Clac pour autre chose que la lecture : "Ce qui les attire, c'est beaucoup plus les documentaires et les films de fiction que propose le centre, avec la chaîne TV5 notamment ", explique Jean-Claude, licencié en droit à l'université Martin Luther King ... et chômeur.
Jean-Marie, professeur de français, quant à lui, met la popularité des lieux sur le dos des jeux de société, Scrabble, Dame, Ludo. Même si Jean-Claude, du collège communal de Gishubi, admet volontiers venir régulièrement consulter ... le recueil des proverbes.
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