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dimanche 17 novembre 2013

Albert Camus, l'inclassable

A cause de la dimension universelle de son œuvre, le 07 novembre 2013, on célébrera en France et un peu partout dans le monde, le centenaire de la naissance d’Albert Camus. Lorsque je lis pour la première fois l’Etranger, j’avais dix-sept ans, et à presque cinquante ans de distance, je relis ce livre devenu classique en retrouvant les mêmes émotions.
C’est donc une œuvre de jeunesse qui continue à avoir un immense succès auprès des jeunes du monde entier qui voient en lui un guide intellectuel et moral, lui qui refusait tous les systèmes qui enferment l’homme dans les dogmes idéologiques et religieux. Sa rupture avec Jean-Paul Sartre, l’autre grand intellectuel français, tient à leur désaccord sur la vision du monde, à une époque où on était sommé de choisir entre l’Est et l’Ouest, c’est-à-dire deux systèmes antagonistes, régis, l’un par le communisme et l’autre, par le capitalisme.
Déchiré à devoir choisir entre la France et l’Algérie durant cette guerre coloniale meurtrière de 1954 à 1962, il a contre lui tous les extrêmes. Lors de son discours de réception du Prix Nobel de littérature à Stockholm, sa réponse à une question gênante : « Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice » choquera certains cercles politiques et le poursuivra jusqu’à sa mort, ses adversaires lui reprochant son inconscient colonial. Mais ce serait lui faire un mauvais procès parce que Camus était aussi homme de son époque qui soutenait l’administration française dans sa politique algérienne mais non sans critiques. Le lecteur avisé ne manque pas du reste de le constater lorsqu’il décrit « L’Arabe » de manière détaché dans l’Etranger, en rapport avec d’autres personnages du roman. Mais il a également pris des positions courageuses dans ses écrits de journaliste sur le traitement inéquitable et scandaleux des Musulmans dans son propre pays.

Parce qu’il récusait tous les dogmes, on lui reproche également sa lucidité devant l’échec des grandes idéologies collectives révolutionnaires mais l’histoire lui a finalement donné raison par rapport aux grands maîtres à penser d’alors. Son immense talent littéraire est unanimement reconnu dans le monde entier parce que son message à travers ses livres est facilement accessible au grand public, marque distinctif de son génie. Finalement l’image d’anti-modèle de Camus qui refuse tout prêt -à -penser philosophique se retrouve dans le personnage principal « Meursault » qui semble indifférent à tout ce qui l’entoure, y compris à sa propre mort. Mais c’est dans « La Peste » et sa pièce de théâtre « Caligula » aussi bien que dans ses essais comme « La Chute » que Camus prône la révolte de la conscience face aux systèmes totalitaires de son temps, lui qui refusait tous les camps idéologiques. Egalement parce que sa posture intellectuelle est neutre par rapport aux grands courants de pensée dominants qui fait de lui une immense force morale.

La dimension intellectuelle de Camus, c’est son œuvre devenue classique qui s’adresse à tous les hommes et femmes, quelles que soient leur époque ou origine. La Peste aurait bien pu se passer au Burundi durant cette longue période de guerre civile que nous avons connue. Camus est tout simplement un peintre magistral de la condition humaine. C’est par ailleurs grâce à la recommandation de l’auteur de La Condition humaine, André Malraux, alors lecteur chez Gallimard, que l’Etranger y sera publié en 1942.


Par Prime Nyamoya

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