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Café Littéraire. Espace ou naissent et se croisent toutes formes d'écrits: slams/poésie/contes/nouvelles/romans/théâtre. Tous les jeudis de 18h à 20h au CEBULAC (Burundi Palace, 1er étage), en plein centre de Bujumbura. Entrée libre et gratuite.

lundi 4 octobre 2010

Ecrire, ou attendre l'histoire?

par Roland Rugero

Intéressante discussion dans le Samandari de ce 16 septembre. Tout aurait pu partir de ce rappel de Philippe Meloni sur http://afrochild.wordpress.com/: «Un homme ans passé est plus pauvre qu’un homme sans avenir.» Connaître son histoire permet, à l'historien et à l'écrivain plus particulièrement, à un peuple plus généralement, de 'voir' à travers le temps, d'envisager plus intelligemment son avenir. Mais dans un Burundi où «l'on assiste à des manipulations de données » dixit Melchior Mukuri, il est difficile de savoir 'ce qui s'est passé'. Si difficile que les politiques ont même décidé que les Burundais devraient réécrire leur histoire. Soulignons d'ailleurs que nos élèves étudient le passé du Burundi jusqu'en 1962, le 1 juillet plus précisément. Après ? Cela se complique...
D'autant plus que le Burundi a hérité d'une culture orale, «qui exige plus d'énergie pour passer à l'écrit » pointe Florance Bouckaert, peintre et professeure.

Dans le Samandari, deux opinions se sont rencontrées. Pour les uns, écrire, se réapproprier son passé et la culture de sa société à travers les temps par l'écrit devrait se faire après ces retrouvailles avec son histoire. Parce que là, on saura qui est le « je » en possession de la feuille, le « tu » auquel l'écrit s'adresse... Pour les autres, face à notre culture burundaise « si riche et si difficile à posséder », selon Jean Marie Ngendahayo, il n'y a pas de minutes à perdre. Sans complexes ni prétention, mais avec prudence, il faut que les Burundais écrivent. Car, affirme l'ancien politique, « pour être nous-mêmes, nous ne devons pas refaire le monde!» Ézéchiel, slameur, n'en démord pourtant pas : «Nous ne pouvons pas écrire sur nous-mêmes si nous n'avons pas fait la part du mal de la colonisation!»

Mais, voilà : « On peut certes expliquer les douleurs de l'Afrique, du Burundi, en évoquant le colon. Mais l'on ne peut pas tout expliquer en se tenant exclusivement à lui », rappelait en 2009, à Bujumbura, un éminent jésuite. Et c'est particulièrement vrai lorsque l'on pense à l'histoire du Burundi à la lumière de Zamu, ce poème écrit 1978 par Jean Marie Ngendahayo, alors étudiant. Qui es-tu, toi, pour être proscrit ? Serais-tu de ces chiens que j´entends aboyer/ Du fond de mon lit moelleux ? Pauvre Zamu, bercé par les piqûres de moustiques et les faux chants de l'unité...

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