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samedi 7 août 2010

Confession d’un immigré en Occident, slam de Tanguy Bitariho

par Tanguy
Hier j’ai appelé Mama au pays, elle et Papa m’ont demandé comment j’allais.
Moi, bien sûr, gentil petit mytho, ayant trop honte de sa vie de ghetto ;
Je leur ai encore répété qu’évidemment ça allait.
Moi qui, étant jeune, souhaitais une vie de ponte ;
Je n’ai même plus de maison.
Mon apparte fut saisi ;
Et je dors aujourd’hui chaque nuit sous les ponts.
Franchement je ne sais comment me sortir de la zermie ;
J’ai la dalle, je crève, ma bonne étoile est en grève ;
Et mon seul rêve, c’est d’avoir le RMI.
Au début, il m’est arrivé d’en pleurer ;
Mais maintenant je suis blasé.
La source de mes larmes c’est tarie autant que celle de mes amis.
Au début ils m’aidaient, quelques-uns m’hébergeaient ;
Je me disais qu’ils m’aimaient, peut-être même était-ce le cas.
Mais en tout cas, à la fin, j’ai compris que je les saoulais.
Pour eux, je n’étais qu’un boulet sur leurs pieds.
Au fond je ne leur en veux pas.
Un conseiller juridique, qui conseil mal, c’est pas pratique.
C’est ma faute après tout.
J’ai donc perdu mon emploi et me suis retrouvé sans le sous.
Après ça bien souvent j’étais saoul. Je buvais pour oublier et j’oubliais d’arrêter.
Mais, maintenant je suis sevré ;
Car de toute façon je n’ai même plus de thune pour m’en acheter.
Ainsi donc, ne pouvant plus me supporter ;
C’est comme ça qu’à la rue, je me suis fait jeter.
Et au fond je sais que je l’ai mérité.
Alors Mama pardonne-moi, je sais que j’ai tout raté.
Papa excuse-moi, je voudrai tant me racheter.
J’ai pas fait exprès, j’ai juste merdé.
J’avais plus de travail et encore le loyer à payer ;
Les factures s’accumulaient, la nourriture s’amenuisait ;
Et moi, pendant tout ce temps, je cherchais, je cherchais…
J’avais beau présenter mes diplômes, mes papiers ;
Continuellement on me recalait.
On me disait que je n’étais soit-disamment pas assez qualifié.
Pourtant c’est écrie là sur mon doctorat de droit.
Mais peut-être était-ce simplement dû à la couleur de mes doigts.
Enfin bon je sais pas, j’accuse personne, mais voilà ;
En tout cas, moi, je n’ai toujours pas d’emploi.
Je survie comme je peux ;
Alors je sais les bancs dans les parcs ne valent certes pas un bon lit bien moelleux ;
Mais une fois dans la panade, on n’est plus très capricieux.
Je graille un peu d’argent, pas tout le temps honnêtement ;
Mais quand j’en gagne suffisamment ;
Je me fais plaisir en m’offrant une nuit dans un hôtel pour jouir d’un vrai lit.
Ah j’oubliais ! Pour parfaire à mon malheur, j’ai dû apprendre hier qu’en fait j’étais père.
Déjà pas mal dans la galère, par un coup du sort, j’ai revu l’une de mes anciennes touches.
Une Européenne de souche, l’une des premières qui partagea ma couche.
Le fruit avait germé, moi, je l’ignorais ;
Et c’est après plus de dix ans que j’apprends que j’ai un enfant.
Mais qui suis-je honnêtement ?
Que pourrais-je donc donné moi qui suis damné.
Son argent de poche pèse déjà bien plus lourd que moi ;
Tandis que moi, pendant ce temps, je crève de faim et de froid.
Il paraît qu’elle veut me voir, mais moi j’veux pas.
J’ose pas, ça m’effraie d’imaginer un mini-moi.
J’aimerai, je voudrai, mais c’est trop tôt je crois.
Je n’ai ni boulot ni toit. Comment donc pourrais-je devenir à mon tour papa ?
Je sais, j’suis un chien de traiter en bâtarde une gamine qui serait mienne.
Mais je ne voudrais surtout pas lui transmettre les tares de mes gènes.
Je sais c’est pas bien et même si je me dis avoir trouvé solution au problème ;
Je ressens toujours cette gêne et contre moi une certaine haine.
En définitive, que ce soit mon boulot, mes amis, ma famille, ma vie ;
Je garde en perspective l’impression de n’avoir rien construit.
A ça, je ne prends aucune résolution ;
Parce qu’en fait je n’ai aucune solution.
Je sais que, j’ai déçu Mama, j’ai fait honte à Papa.
J’espère juste qu’un jour je sortirai de cette prison de malheurs ;
J’espère juste qu’un jour je n’aurai plus de remords.
J’espère qu’en de meilleurs jours, je ferai l’effort de lui offrir des fleurs ;
Pour lui dire « Ma fille, tu es mon plus beau trésor ».
Alors Papa ne désespère pas, je me rachèterai.
Mama ne pleure pas, un jour je me reconstruirai.
Mama, Papa ;
Cette lettre, je vous l'écris mais je ne vous l’enverrai pas ;
Car il me manque le courage de vous avouer mon désarroi.

16 commentaires:

  1. Tanguy ton slam est d'une beauté à tomber par terre.D'avoir eu le privilège de te l'entendre déclamer ma question est celle ci, n'y a t-il pas moyen de mettre le son aussi. Roland qui sait tout sur les nouvelles technologies devrait pouvoir nous trouver cela.
    Bravo et continues à nous épater...
    Jeanne Muvira

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  2. Extrêmement touchant et représentatif d'une réalité de biens nombres de gens qu`ils soient immigrants,résidents ou citoyens d`un pays quelconque...La vie c'est la vie mais le plus important est de savoir persévérer et de sortir de la situation de galère dont on peut faire face..

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  3. Je connais ton cousin Loic Sagorin il aimerais te revoir au plus vite pour te donner un petit peu d'eau ...

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  4. Désolé il veut aussi te donner du pain

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  5. Yo cousin on se refais un ptit vol au marché dimanche ?

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  6. LES 5 DERNIERS MESSAGES ONT ETER ECRIS PAR DAMIEN CASPAR CE PUTAIN

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  7. Louic-de-merde21 juin 2012 à 11:43

    Louic va te faire foutre t'as pris mon ordi

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  8. yoHOHO kikoolol kikoolol

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  9. Ba en meme je suis un arabe et vole !

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