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Café Littéraire. Espace ou naissent et se croisent toutes formes d'écrits: slams/poésie/contes/nouvelles/romans/théâtre. Tous les jeudis de 18h à 20h au CEBULAC (Burundi Palace, 1er étage), en plein centre de Bujumbura. Entrée libre et gratuite.

jeudi 16 septembre 2010

Le plaisir d'écouter

par Roland Rugero

Fendre l'air chaud d'un été finissant pour aller s'asseoir quelque part. Ouvrir grand les oreilles. Écouter une dame, 57ans bien sonnées, qui vous raconte comment, rongée par le désir de voyager, elle a quitté sa Flandre natale pour le monde arabe, le Liban surtout. Monde trop polarisé: elle le quitte pour se tourner vers l'Afrique, qu'elle découvre à travers le Zaïre d’il y a 25 ans, en descendant d'Anvers jusqu'à Matadi en bateau, comme son grand-père missionnaire. Elle voulait le comprendre. Elle accouche Mon oncle du Congo (1990).

Dans cet empire prisé par les plus grandes puissances, au sous-sol honteusement riche et à la population parfois admirablement pauvre, le chef de la gare de Kabalo, rongée par les mauvaises herbes, lance à la visiteuse: «Nous sommes dans la poubelle de l'histoire!» Le pays tangue, le léopard (Mobutu) est malade face au lion (Kabila) qui sort ses griffes. C'est l'histoire de la Danse du Léopard (2002). Entretemps, elle vous raconte tout cela avec de grands gestes de main, la voix modulable comme celle d'une conteuse.

De l'Est donc, arrive les conquérants et le souffle chaud des changements. En 16 mois, le pays tombe aux mains de la rébellion. A Kinshasa et Gbadolité, sur les piscines des anciens roitelets sacrés par le Léopard chassé, flottent des crapauds. Parmi les nouveaux venus se dresse le général Assani, du peuple des Banyamulenge, tour à tour victime et bourreau. Tout cela, la dame le raconte dans L'Heure des Rebelles (2007). Parce que pour décrire et comprendre Assani, «il me fallait retourner à ses années d'innocence », l'écrivaine se rend dans Les Hauts Plateaux (2009), entre Minenmbwe et Uvira.

Après ces quatre récits, elle décide de se reposer du Congo. Elle s'est tournée depuis vers la Chine, où elle a rencontré un illettré commerçant malien, venue acheter cinq milles jeans à une villageoise de Shenghu. « La rencontre des ruraux », vous glisse-t-elle... Non, il fait vraiment bon d'écouter Lieve Joris.

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